Toutelatele

Simon Astier : « J’irai au bout d’Hero Corp »

Marion Olité
Publié le 22/10/2013 à 19:29 Mis à jour le 01/11/2013 à 15:42

Entre la fin de la saison 2 sur Comédie ! en janvier 2010 et le début de la saison 3 sur France 4, Simon Astier a bataillé trois ans pour donner une suite à Hero Corp. La série s’offre un nouveau format de 7 minutes, dans une case horaire pour le moins compliquée, à 20h30. Pour Toutelatele, son auteur revient sur un retour attendu de pied ferme par des fans qui n’ont jamais cessé de soutenir la série.

Marion Olité : Vous avez mis trois ans à ressusciter Hero Corp. Comment l’avez-vous vécu ?

Simon Astier : Avec beaucoup tristesse, car c’était vraiment dommage de s’arrêter en si bon chemin. On était tous tristes, mais certains dans l’équipe n’ont jamais cru à l’arrêt de la série. Pour eux, ça devait repartir. Je suis passé par tous les sentiments. Pendant ces deux ans et demi, il n’y a pas eu un mois sans lequel on ne m’a pas parlé d’un diffuseur intéressé. Je me suis rendu compte de l’ampleur de la reprise au Comic Con (à Paris en juillet dernier, ndlr) quand on s’est retrouvé devant 13 000 personnes pour présenter le teaser de la saison 3.

Quel a été le déclencheur pour que cette saison 3 voit enfin le jour ?

L’engouement des fans a été entendu et considéré. Et puis, après les bonnes audiences des rediffusions marathons de nuit, où on a explosé les scores, France 4 a décidé de reprendre la série en premier diffuseur. C’est la première fois en France qu’une série est représentée par ses fans, et que je vois un diffuseur à leur écoute. On existe autrement par rapport aux autres. Face à des énormes franchises, on est tout petit, mais on fonctionne dans l’espace qu’on nous donne. Les gens nous suivent, c’est une belle histoire. On n’a pas soif de beaucoup d’autres choses. J’aimerais juste avoir un peu plus d’argent maintenant, pour aller plus loin. Il nous manque vraiment une stabilité à la télé qui rendrait le projet plus serein, car c’est une vraie déchirure de ne pas savoir si on reprend.

A-t-il été facile de reprendre l’écriture de Hero Corp ?

J’ai mon histoire bâtie sur le thème du poids de l’appartenance. J’avais toute une partie en tête depuis longtemps, et je me suis nourri de ce que j’ai vécu ces dernières années. J’ai repris l’écriture trois ans après celle de la saison 2, mais j’ai toujours gardé les personnages en tête. C’était super excitant de reprendre ce langage, de réfléchir à l’évolution de tel ou tel protagoniste. Dans cette saison 3, ils vivent tous des trucs très denses. Il y a de vrais bouleversements qui les font changer. À la base, ce sont des gens au repos qui n’ont plus de pouvoir et ne savent plus rien faire. Dans la saison 3, ils doivent se bouger. Ils y arrivent, car c’est un groupe. La force, la solidarité, l’entraide et la confiance leur donnent des ailes et leur permettent de gravir des montagnes.

Comment s’est déroulé le tournage de cette saison 3 ?

Tout le monde était super ému de revenir. Hero Corp est une aventure humaine. Les gens viennent pour le projet, car on a très peu d’argent. C’est une confrérie, une bande de potes. Et puis, chaque saison, on fait venir de nouveaux personnages. C’est important de se nourrir d’autres gens et univers. C’est le cas dans la saison 3 encore où il y a de nouveaux personnages et des guests. Mais au bout d’un moment, on a une série avec 55 personnages ! Là, on se dit : « Il faut quand même qu’il y en ait deux ou trois qui meurent ! » (rires)

Cette saison 3 va-t-elle vers plus de noirceur ?

On va en apprendre beaucoup sur le personnage de John. On va savoir d’où il vient, qui il est, ce qu’il combat... Il est perturbé entre un père « bon » et une mère « méchante ». C’est déjà compliqué d’être solide sur ses pattes avec des parents normaux, donc là c’est encore plus dur. Pour devenir quelqu’un, tu dois savoir qui tu es. C’est la problématique de John dans cette saison 3.

« C’est une vraie déchirure de ne pas savoir si on reprend »

Quels guests allez-vous accueillir cette année ?

Manu Payet, le PalmaShow, Jean-Luc Lemoine et Baptiste Lecaplain. Jonathan Cohen vient aussi pour un rôle de taré ! Il n’y a que lui qui pouvait jouer ça. Pour moi, c’est le meilleur rôle de la saison 3.

Partie 2 >Le changement de format de Hero Corp et sa relation aux fans


Les fans vont-ils retrouver Araignée Man, joué par votre frère Alexandre Astier ?

Dans la série, chaque saison a son nouveau « machin man » en guest. Il y en a un nouveau cette saison. Maintenant qu’on a la possibilité d’être sur plusieurs supports, les personnages d’Hero Corp vivent dans l’univers. On a une grosse partie transmedia, avec une fiction sur le web qui s’est achevée avant la diffusion de la saison 3 et une autre websérie, intitulée HC. Les personnages d’Hero Corp sont à la télé, arrivent par la BD, passent par le web... Ils sont tous utilisés.

Qui a décidé du changement de format, avec cette saison de 35 épisodes de 7 minutes, quand les deux précédentes étaient composées de 15 épisodes de 26 minutes ?

France 4 m’a dit que pour en faire quelque chose, ils estimaient que cette case était la meilleure. Ils m’ont aussi dit qu’ils savaient ce qu’était Hero Corp, à savoir une série feuilletonnante. J’ai réfléchi, et je suis revenu avec la proposition de 7 minutes le soir toute la semaine, pour en faire un épisode de 35 minutes que j’ai chapitré. Chaque petit épisode a quand même trois intrigues, dont une qui est bouclée, ou semi bouclée. Cela permet d’accueillir un autre public, sans trahir les fans. Car il faut aussi aller chercher d’autres gens qui ne connaissent pas la série.

Comment s’est passée l’adaptation à ce format en terme d’écriture ?

En fait, c’est un bon « coup de pied au cul ». La série gagne avec ce format. L’épisode compilé de 35 minutes ne s’arrête jamais ; et dans le sept minutes, on n’a pas de temps mort, ce qui rend la série très tendue narrativement. Depuis le début, on cherchait à avoir cette efficacité-là. Cet exercice du format sept minutes nous a permis de le faire.

N’avez-vous pas un peu de la concurrence plus difficile dans cette case horaire ?

On va sur cette case en se marrant ! On sait bien qu’on est en face de Scènes de ménages, des JT... Et on serait tous inconscients de se dire : « Bon, les mecs, en face de Soda, il faut qu’on fasse au moins 1 million ! » Mais on ne se met pas du tout la pression, ce serait débile de faire ça. France 4 propose dans sa ligne éditoriale de « laboratoire », de mettre en access une série de genre. En général, les chaînes ne font pas ce style de pari, elles pensent que c’est segmentant. C’est faux. C’est une vraie proposition. On n’arrête pas de dire que toutes les shortcoms se pompent avec leur histoire de voisins. Hé bien, France 4 propose autre chose. Et puis, il y a des rediffusions, des diffusions compilées le week-end, des replay... C’est l’ensemble de ces audiences qui fera qu’Hero Corp sera déclaré succès.

Comment expliquez-vous l’amour des fans pour votre série ?

On me demande tout le temps de théoriser là-dessus, mais je ne sais pas vraiment... On a fait une série sur un univers pas du tout exploité en France. Les gens ont été curieux et la magie a opéré. Je fais ça pour eux. Le public, c’est le plus important pour moi. J’ai envie de les toucher. J’ai envie de leur transmettre mon amour de ces personnages. C’est évidemment le plus beau des cadeaux de voir leur satisfaction. Depuis le début, il y a eu un effet de bouche à oreille de fou. On vend beaucoup de DVD et de BD. Pour l’avant-première de la saison 3 (qui avait lieu au cinéma Max Linder le 10 octobre dernier, ndlr), on a offert des places aux fans sur Twitter. La salle était remplie en quelques minutes.

« Le public, c’est le plus important pour moi »

Vous jouez dans une autre série qui va arriver bientôt sur OCS, France Kbek. Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ?

Jonathan Cohen et Jérémie Galan écrivent et réalisent cette série. Ce sont des amis. J’ai rencontré Jonathan pour un téléfilm sur France 3, et depuis on ne s’est pas quittés. Il est venu sur Hero Corp, je joue dans sa série, et on a d’autres projets ensemble. C’est un des acteurs les plus brillants que je connaisse. Dans France Kbek, j’ai un rôle très éloigné de ce dont j’ai l’habitude. Ça me fait des vacances ! J’ai un peu participé à l’écriture avec d’autres personnes. On leur a amené un maximum de matière, et ils en ont fait leur série, avec leur ton.

Avez-vous d’autres projets ?

J’ai une autre série en préparation, mais j’irai au bout d’Hero Corp, quitte à passer par le crowdfunding (levée de fonds, ndlr). Je suis fan du pari que l’on fait avec France 4, mais si jamais ça ne fonctionne pas, j’irai de ce côté là. C’est en lien direct avec les fans, donc ça me parait logique.