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Cauet révèle les dessous de son Manège

Tony Cotte
Publié le 19/10/2009 à 13:00 Mis à jour le 18/03/2010 à 15:34

Depuis le 28 septembre dernier, Cauet a pris les commandes d’un jeu culte des années 80, Tournez Manège. L’ex-animateur de la Méthode profite de sa saison sans radio pour s’offrir une quotidienne à succès en attendant l’arrivée d’un nouveau talk-show de seconde partie de soirée prévu pour 2010. De Tournez Manège à ses projets en passant par sa société Be Aware, Cauet revient sur une rentrée pleine de promesses...

Tony Cotte : Après le tournage d’une salve de vingt premières émissions de Tournez Manège, TF1 a commandé de nouveaux numéros du jeu. Quel bilan pouvez-vous faire de cette aventure ?

Cauet : Il y a deux bilans, l’un sur les audiences que je ne commenterai pas, ce n’est pas mon métier, l’autre sur la partie amusement. Étant donné que je m’amuse comme un gamin, tout est satisfaisant de mon côté. Aujourd’hui, avec le public, dont les plus jeunes, on apprend à décoder la télé et on ne peut plus tricher. Avant, on ne connaissait pas les audiences précises, ni les affinités avec les téléspectateurs. Si un animateur s’ennuie, cela se remarque bien plus facilement. A l’inverse, quand on s’amuse, cela n’échappe pas aux gens derrière leur écran.

Avez-vous trouvé vos marques à la veille des nouveaux tournages ou était-ce déjà le cas au début de la première salve ?

Je pense avoir pris mes marques dès le pilote. Je ne dis pas que l’émission était faite pour moi, ça n’aurait pas de sens, mais j’étais d’emblée très à l’aise. Cela fait quelques années avec la radio et avec la Méthode, pendant les pauses publicitaires, que je joue avec le public. Quand je me suis retrouvé dans cette mécanique, cela ne m’a pas changé. Je n’ai pas de fiches, je ne connais pas les questions qu’ils vont poser, et encore moins leurs réponses. Au bout d’un moment, il faut forcément du feeling et je dois être très à l’aise.

Le fait de vous mettre en retrait par rapport aux candidats est-il un exercice difficile ?

Non seulement cela n’a pas été difficile, mais je peux dire que l’exercice est plutôt agréable. Ce sont eux les stars, je n’ai pas besoin d’apporter mes sketchs et tout le barnum. Je n’irais pas dire qu’animer un jeu quotidien est facile, compte tenu de l’absence de prompteur et de l’improvisation totale, mais cela reste plaisant.

L’absence de votre qualité de producteur enlève-t-elle une pression supplémentaire ?

On dit souvent que les comédiens qui font du cinéma prennent plaisir à faire leur film, puis à jouer dans celui d’un autre. Pour ma part, j’apprécie tout autant produire des émissions que je présente que de rentrer dans les chaussons prévus par la production. Ils bossent bien et comme j’aime : on termine toujours à l’heure. J’aime travailler vite et que tout s’enchaîne dans les conditions du direct. Un Tournez Manège lambda dure entre 40 à 50 minutes, pour 35 minutes à l’antenne. Il y a donc très peu de coupe et j’ai l’esprit libre sans avoir à me préoccuper des désistements des invités ou du prix des dépassements d’honoraires.

Tournez Manège accuse cependant une érosion d’audience au fil des diffusions. TF1 dit vouloir « rythmer » l’émission, notamment pour la partie « appartement » à la fin. Qu’en est-il exactement ?

C’est une question à poser aux producteurs, je ne gère que la partie dating. Quand vous ne me voyez plus, ce n’est plus moi. Tout le monde a compris que les courbes étaient meilleures pour les questions, ce qui m’arrange. Logiquement, la partie « appartement » sera donc réduite.


Jusqu’à présent, vous n’avez jamais été aux commandes d’un jeu quotidien. Comme bon nombre de téléspectateurs, avez-vous remarqué un fossé entre les candidats d’antan et ceux d’aujourd’hui ?

Je ne suis pas d’accord, c’est une fausse impression. Sur un tas d’émissions, je n’ai repéré qu’une ou deux personnes venues pour se faire remarquer. Les candidats sont naturels et n’ont pas le choix de l’être : ils ne peuvent pas se regarder, il n’y a pas de retour écran. Les caméras sont un peu en retrait et le fait d’être mis en confiance et de s’amuser en ma compagnie fait oublier l’exercice télé. Après, en 20 ans, le public a forcément changé et les questions ne sont pas les mêmes...

Comment définiriez-vous cette évolution ?

Les jeunes filles qui viennent sont moins coincées et parlent de sexe avec moins de tabous que les garçons. Si on prend l’ancien Tournez Manège, une candidate de 35 ans qui n’avait pas trouvé l’homme de sa vie était forcément considérée comme une vieille fille. De nos jours, elles sont divorcées, avec des enfants à charge, ne veulent plus s’emmerder à recréer une famille et ne veulent que du fun. Ces femmes cherchent avant tout un gars qui les sort et qui les éclate au lit. Les générations ont changé, il y a beaucoup plus de mères célibataires sur le marché qu’autrefois.

Du fait de cette absence de tabous, si les Inconnus devaient refaire une caricature du premier Tournez Manège ne serait-il pas une copie conforme de la version que vous animez ?

Vous n’avez sans doute retenu que le « Ingrid est-ce que tu baises ? » de cette fameuse parodie. Le reste du sketch des Inconnus était fidèle au programme de l’époque. Nous n’avons pas eu de « Ingrid est-ce que tu baises ? » à ce jour, mais d’autres d’un genre différent. Si vous n’avez pas de séquence de ce genre, vous allez forcément trouver l’émission chiante. Si les cinq candidats se demandent s’ils aiment les arbres ou s’ils font du cheval, on ne fait pas 30% bien longtemps. Sans les questions caricaturales, on s’ennuierait ferme. Le téléspectateur cherche ces moments-là. Certes nous sommes quelque part une agence matrimoniale, mais il faut aussi faire de la télévision. Je veux rendre service aussi bien aux 5 personnes en plateau qu’aux 3.5 millions qui regardent l’émission.

Fabrice Bailly, directeur adjoint des programmes de TF1, avait annoncé un numéro avec des candidats gay, à ce jour non diffusé. A-t-il été tourné ?

Tout le monde parle d’une version gay. Sur le principe, je veux bien, quelle que soit la sexualité l’important est d’être heureux. Gay, bi ou hétéro, le but à tous reste le même : trouver l’amour. Mais comment voulez-vous, dans le cadre de Tournez Manège, mettre deux garçons d’un côté et trois de l’autre. Le principe de l’émission est d’avoir trois personnes d’un même sexe face à deux autres du sexe opposé. On peut toujours mettre trois homos mecs et deux homos filles, mais il n’y aura pas beaucoup d’enjeux (rires). Il y a d’autres pistes marrantes à explorer. Une version troisième âge serait super drôle. Je suis sûr que des papys et des mamies peuvent dire des choses plus culottées que l’on peut imaginer. Et pourquoi pas aussi avec des enfants, un Tournez Manège mignon avec des candidats de 10 ans ? Enfin, tout cela ce n’est pas d’actualité...

Une version bisexuelle est-elle également à exclure ?

(rires) Ce serait drôle. Je vois bien Fabrice Bailly revenir devant les journalistes pour annoncer un Tournez Manège bisexuel. Je crois qu’on va attendre un peu (rires). Je veux bien que les choses soient cool, mais il faut se détendre un peu quand même...


Être aux commandes de Tournez Manège aurait été une condition sine qua non pour proposer à la chaîne le futur Moins un avant le week-end. Confirmez-vous, ou infirmez-vous, cette information ?

Ca aurait pu l’être, mais ce n’était pas du tout le ton employé. J’ai juste dit que je voulais bien faire des jeux si en même temps j’ai la possibilité de faire des shows. La réponse de la chaîne était positive, ils voulaient, à l’origine, me proposer d’eux-mêmes un jeu et un show. Ça a été un bel échange.

Cette émission sera produite par vous-même, soit Be Aware. On a récemment beaucoup parlé de votre société de production entre le rachat mort-né par Banijay puis, récemment, par Telfrance. Concrètement, qu’est-ce que cette acquisition va changer pour vous en tant que producteur et animateur ?

Cela ne change absolument rien. Cette nouvelle fait avant tout plaisir à mon banquier et amène un développement différent pour les années qui viennent. Déjà, il faut savoir que nous sommes partenaires à 50/50, ce n’est pas une acquisition à 100%. C’est un bout de capital qui ne change pas grand-chose, à la différence que lorsque vous attaquez l’Everest, il vaut mieux être deux que tout seul. C’est génial d’être aux commandes d’un navire en solo une partie de sa vie, mais à un moment donné, c’est bien aussi de savoir se regrouper. Le principe de ce genre d’associations est de faire ça pour une durée dans le temps, un minimum de plusieurs années, puis, soit vous reprenez votre chemin seul, soit vous continuez, soit vous revendez. Dans tous les cas, personne n’est vraiment prisonnier.

Vous venez d’évoquer votre « attaque de l’Everest ». Cette image décrit-elle réellement la hauteur de vos ambitions ?

Dans les années qui viennent, j’ai envie de développer de nouveaux producteurs, de nouveaux jeunes animateurs, de « starter » de nouvelles productions et, peut-être, prendre un peu de recul en tant qu’animateur. Je me vois toujours à la télévision, mais plus en coulisses et pour des salves qui m’amusent. Il y a aussi du cinéma qui est en cours. Plus on se structure par rapport à ce genre de choses, mieux on se porte.

Aujourd’hui, à l’exception de La folle route vers Saint-Tropez ou des unitaires pour TF6, Be Aware n’a plus de production à l’antenne. Les temps sont-ils difficiles ?

Aucun producteur ne peut dire que ce qu’il signe est inscrit dans le marbre. Des fois, vous faites des productions pas vraiment rémunératrices, vous vous battez beaucoup et ça ne vaut pas l’affaire, d’autres fois, vous investissez pour des programmes pour plusieurs années. A Be Aware, nous travaillons sur ces différents aspects-là. Ce que je peux dire aujourd’hui, c’est que tout va très bien. Les journées sont bien remplies.

Cette rentrée 2009/2010 est également la première, depuis plusieurs années, où vous n’êtes pas à l’antenne sur une radio. Les ondes FM ne vous manquent-elles pas ?

Elles me manqueront bien un jour, mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. Il y a 9 ans, j’avais déjà arrêté la radio pendant deux années. Je ne m’amusais plus, je n’avais pas de besoin particulier. Dans ces cas-là, il ne faut pas défoncer des portes ou être aigri, il faut faire ce que l’on a envie de faire, quand on le sent. Il n’y a pas si longtemps que ça, on m’a fait une proposition pour janvier 2010, j’ai gentiment refusé. J’ai besoin d’être séduit, de savoir dans quelle direction la station veut aller, contre qui je dois me battre et quelles sont les stratégies. Je connais par cœur la radio, pour y retourner, il faudra qu’il y ait de beaux projets en jeu...

 Retrouvez l’interview de Fabienne Egal, ex-animatrice de Tournez Manège