Toutelatele

Sinclair (Nouvelle Star 10) : « C’est important de dire la vérité aux gens »

Marion Olité
Publié le 31/10/2013 à 20:07 Mis à jour le 06/11/2013 à 11:35

Sinclair et Nouvelle Star, c’est toute une histoire ! Arrivé sur le télé-crochet lors de la saison 6, le chanteur avait déserté sa place de juré à l’issue de la saison 7, s’estimant déçu du niveau général. Il est finalement revenu sur son choix en 2012, acceptant d’enfiler à nouveau le costume de juré, sur D8 cette fois. Alors que la deuxième saison de Nouvelle Star débute ce jeudi 31 octobre, Sinclair s’est confié à Toutelatele.

Marion Olité : Vous êtes-vous adouci cette saison ?

Sinclair : On se lasse d’une certaine rigidité. Je suis toujours aussi rigoureux, mais je me suis laissé porter par ce que je ressentais. J’ai eu beaucoup de compassion le premier jour. Certains candidats passent par des moments très émouvants, très durs pour eux. Même si je ne suis jamais méchant, c’est vraiment de l’humour, je n’avais pas spécialement envie de ça. Bon après, le naturel est revenu au galop !

Vous incarnez cependant un certain type de jury dans Nouvelle Star, celui qui ne prend pas de gants...

Il n’y a pas de méchanceté de ma part. On me dit que je fais « le méchant », mais j’essaie juste de dire les choses comme il faut, sans temporiser sur le jugement que je porte. Je suis quelqu’un de très gentil et de vraiment à l’écoute. Quand je fais mon travail, je n’aime pas passer par mille chemins. Je pense que c’est important de dire la vérité aux gens, qui viennent à un casting et qui ont attendu toute la journée. Ils n’ont pas envie d’entendre : « C’est bien, mais non. » Ils veulent savoir pourquoi. Même si ça les choque sur le moment, il vont rentrer chez eux et retenir quelque chose d’important. Je n’aime pas mettre les formes pour rien. Et puis musicalement, j’attends des choses très précises et j’entends plein de choses. Avec les autres jurés, on est très complémentaires à ce niveau là. On est devenu de vrais profilers ! On peut vraiment, à nous quatre, déceler ce qui se passe dans la tête de chacun.

Maurane expliquait qu’elle était beaucoup dans l’affect, mais que vous non...

On bosse forcément à l’affect, mais je ne tiens pas à rentrer dans un rapport de cette nature avec les gens que je caste. Ça me paraîtrait absurde, cruel, et violent. Par contre, ça va toucher à un endroit précis de ma sensibilité. Quelqu’un qui nous touche en musique nous donne envie de le réécouter. À partir du moment où je ressens ce désir d’affect, je l’analyse comme « il se passe quelque chose ». Je tiens à être juste, mais je ne suis pas employé par une multinationale pour donner mon avis sur de produits qui vont plaire à la masse. Je suis là pour donner mon avis et mon ressenti sensible en tant que moi, Sinclair. C’est ça qui compte.

« Je ne suis jamais méchant ! »

Qu’est-ce qui a changé pour vous depuis l’année passée ?

Ma vie ! On évolue, on change, on n’est jamais pareil. On a abordé cette saison différemment vu le succès de la précédente, et l’artiste qui en est sortie, Sophie Tith. J’ai envie d’être encore plus attentif, et de bien profiter des castings, car c’est un moment qui passe très vite. Au début de cette deuxième saison pour nous, on voulait trouver tout de suite, comme ce fut le cas pour Sophie. Mais en fait, cette saison ne ressemble pas du tout à la première. Elle est très intéressante.

En quoi cette saison de Nouvelle Star est-elle différente ?

Les candidats n’ont pas le même âge, ni les mêmes envies, et ne dégagent pas les mêmes choses. Il y a de vraies surprises. Plein de choses m’ont déplu aussi ! Il y a un vrai phénomène à souligner : il faut que la musique française se réveille. Il n’y a pas de chansons françaises pour les jeunes de 16/17 ans. Il faut lancer un appel aux acteurs de l’industrie de la musique, trouver des choses qui intéressent les jeunes. On recherche une star, mais on est aussi témoin des tendances, de ce qui s’écoute dans leur chambre, de leur centre d’intérêt.

Partie 2 > Des désaccords avec le public ?


Quelles tendances musicales se sont dégagées à l’issu des castings ?

La tendance nous ramène entre 1960 et 1973. Les jeunes revisitent des vieux trucs. Ils sont dans l’espace, le rapport à l’instrument. Les voix sont super travaillées. C’est très intéressant. Ils possèdent une grande culture musicale, très anglo-saxonne. Après, on a encore des candidats qui reprennent Brel, Brassens ou Piaf. La qualité de la musique est notable.

Nouvelle Star fête ses 10 ans d’existence. Que pensez-vous de son évolution ?

Quand j’ai accepté de faire l’émission, je ne l’avais jamais vu. En dehors d’être un télé-crochet, Nouvelle Star est une émission très simple. On va chercher dans des villes des gens qui viennent chanter des chansons, et on leur fait passer des épreuves pour savoir s’ils savent chanter seuls, en trio, ou avec un orchestre, et après on les met en direct. C’est pour moi le format le plus basique et le plus clair. Et c’est normal que ça ne se démode pas. Je trouve que cette émission est de mieux en mieux produite. Les améliorations sont super, avec le fait qu’ils peuvent jouer d’un instrument plus moderne (guitare ou piano) dès les castings. C’est très dur de chanter a capella. On a eu des personnes décontenancées face à nous a capella, et qui prenaient ensuite confiance avec le piano, et se mettaient à rayonner. On a eu de très bonnes surprises.

Intervenez-vous pour suggérer une programmation ?

En temps que jury, non, mais en tant que Sinclair, oui ! Ça peut m’arriver de suggérer des morceaux. Je n’interviens pas au moment du théâtre, mais il y a toujours des réflexions et des choses intéressantes à faire sur les directs. Artistiquement, il y a eu pas mal de débats sur la programmation musicale. Je trouve ça super d’aller chercher des choses que l’on ne connaît pas forcément. C’est l’écueil de ces émissions : se retrouver un moment sur la Une, la Six ou autre, avec les mêmes chansons. Nouvelle Star propose une programmation pointue et intelligente.

« Il faut que la musique française se réveille »

Vous êtes-vous arrivé d’être en colère après le public ?

Le public n’est pas juste. Il est très facile de le manipuler. En attendant, j’ai l’impression qu’il votait juste l’année passée. Il s’est rarement trompé, et a toujours voté dans le sens de la musique et des critiques. Je ne pense pas dire toujours la vérité, mais pas non plus me tromper tant que ça sur les critiques émises lors des primes.

On se souvient de votre première saison (la saison 6 en 2008), où le public et le jury étaient en désaccord...

Ce n’était ni la même chaîne (Nouvelle Star est passée de M6 à D8 en 2012, ndlr), ni le même public. Quand on s’adresse à un public en lui donnant une forme d’esthétique et des choix précis de musique, on s’attire des personnes qui s’intéressent à ça aussi. Effectivement, on a des gens un peu plus ouverts et qui ont une oreille musicale. On assiste aussi à une évolution de l’écoute musicale. Il n’y a jamais eu autant de musique et de choix que ces dernières années. On en vend moins, mais on en écoute plus.

Partie 3 > Quel est l’après-Nouvelle Star pour Sinclair ?


Quelle est l’étape la plus difficile pour vous ?

Le plus difficile pour moi, c’est le cinquième prime. On arrive au creux de la vague à ce moment-là. Au départ, les candidats sont tous neufs, et vierges de cette expérience. Ils sont surexcités, et puis ils commencent à prendre le pli et à rentrer dans leur rôle de chanteur de télé. Ils modifient la manière dont ils se présentent, et il y a toute une période floue pour moi , où je me demande ce qu’il se passe. Et en général, c’est là où je m’énerve ! Ce que je préfère, c’est le théâtre. C’est un moment génial, car c’est la récolte de tout ceux qu’on a choisis. Là, on s’aperçoit qu’il y a des jours où on s’est trompé, et d’autres où on a trouvé des trucs formidables.

Auriez-vous tenté ce type d’émission si vous aviez été au début de votre carrière ?

Non. Je n’aurai pas fait grand chose ! Je les trouve très gonflés les petits. Il faut avoir du courage pour faire ça. On n’est pas tendres, car on est dans un processus où il nous faut « dégager » beaucoup de candidats pour n’en retenir qu’un à la fin. Le but, c’est d’être juste. Je n’aurais jamais pu faire ça. A mon époque, on voyait les choses différemment. Tout n’allait pas si vite. Aujourd’hui, on peut être célèbre, faire des disques, et ne durer que trois semaines. C’est le temps qu’il fallait pour faire la pochette à l’époque ! C’est hyper violent.

Vous avez travaillé avec Sophie Tith sur son premier album. Pourquoi avoir fait le choix d’un album de reprises ?

Je n’ai pas fait ce choix, seulement celui de travailler avec elle. Quand on sort d’une émission comme ça, il faut battre le fer tant qu’il est chaud, et il faut la présenter au plus vite. Le choix des reprises est ce qu’il y a de plus simple. Le temps d’écrire les chansons et trouver les bons auteurs, ça prend un an, et on n’a plus le temps. Sur son album, j’ai juste proposé la reprise de Pauline Croze, « T’es beau ». Je trouvais que c’était la chanson qui lui allait le mieux. Sophie est une très grande chanteuse.

« J’ai beaucoup travaillé sur moi, je me sens très bien »

Qu’a changé Nouvelle Star dans votre vie ?

J’ai gagné en notoriété évidemment. En tout cas, ça a beaucoup modifié le rapport que j’avais au grand public, auprès duquel je n’étais pas spécialement connu. Je n’ai jamais fait d’énormes succès. J’ai eu beaucoup de reconnaissance artistique et par les gens qui font mon métier, mais le grand public, pas trop. Ça me permet d’être reconnu pour ce que je fais.

Seriez-vous partant pour rempiler sur une nouvelle saison ?

Je prendrai ma décision après les primes, car c’est une autre épreuve. Pour l’instant, c’est une expérience très enrichissante. Quand on est musicien, qu’on aime transmettre et recevoir, il n’y a pas mieux que de se retrouver au tout début d’une carrière, comme celle de Sophie Tith. On est arrivé à un moment très précis. C’est des moments dont on se rappelle pour la vie, et qu’on ne revivra plus jamais. C’est fou ce qu’il se passe quand on est quatre avec de la lumière, et une table en plexi ! Quand la personne arrive et se libère, c’est mieux que tout les concerts. J’ai beaucoup travaillé sur moi, je me sens très bien. Je me sens davantage prêt à faire ça depuis l’année dernière. Je suis en accord avec ce qu’il se passe Nouvelle Star.