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Touche pas à mon poste : les 4 vérités de Christophe Carrière

Robin Girard-Kromas
Publié le 06/03/2013 à 18:40 Mis à jour le 20/06/2013 à 22:09

Journaliste cinéma à L’Express, Christophe Carrière fait partie de l’aventure Touche pas à mon poste ! depuis près de 3 ans. Présent aux côtés de Cyril Hanouna dès les débuts de l’émission sur France 4, il est devenu l’une des figures emblématiques du programme, tout comme sa coiffure, source de raillerie permanente sur le plateau. Pour Toutelatele, il revient aujourd’hui sur ces années passées aux côtés de la bande et sur les débuts quelque peu chaotiques du programme. Révélations et anecdotes en perspective…

Robin Girard-Kromas : Pilier incontestable de l’émission, comment vous êtes-vous retrouvé aux côtés de Cyril Hanouna sur France 4 ?

Christophe Carrière : En fait, tout est venu d’une partie de poker ! Je joue, Cyril aussi et on avait une amie en commun qui nous a présentés à une table de jeu. Ils avaient à l’époque tous les deux en projet Touche pas à mon poste. Ils m’ont dit que ça les intéressait d’avoir quelqu’un de calé en cinéma et je pense qu’ils ont aimé mon côté grande-gueule. Je leur ai dit qu’avec moi, il n’y aurait pas de filtre. Ils voyaient bien que j’avais des choses à dire sur la télé-réalité et ce genre de programmes, et je pense qu’ils me voulaient pour l’humeur. Et je dis bien l’humeur, pas l’humour (rires).

Dans une interview accordée à Toutelatele.com en 2011, Cyril Hanouna révélait avoir fait des essais avec plusieurs bandes avant de sélectionner les chroniqueurs. Comment se sont déroulés ces castings ?

En réalité, ils ont été assez malins ! Au départ, on m’avait dit que c’était bon, que j’étais pris pour l’émission et qu’ils tournaient un pilote ce jour-là. Du coup, j’étais arrivé très détendu, sans le stress de se dire que je pouvais ne pas être pris au final. Lorsque le tournage a commencé, je me souviens avoir découvert qu’on était un peu plus d’une vingtaine à être là ! Samuel Étienne avait accepté d’être l’invité test et je m’étais dit : « Mais bon sang, c’est un barnum cette affaire ! ».

Vous avez ainsi été testé parmi plusieurs bandes différentes ?

Oui, il y a eu trois ou quatre plateaux différents d’organisés et chaque personne devait en assurer deux. Ça durait une demi-heure et on devait réagir sur les images qui passaient. On avait aussi des chroniques et je me souviens ainsi m’y être essayé sans grand succès, je n’étais pas du tout à l’aise ! On a d’ailleurs vite laissé tomber cette idée. En fait, Cyril et la production cherchaient surtout à voir, entre qui ça marchait.

« Le premier débrief de France 4 a été d’une violence inouïe »

Avec quels chroniqueurs avez-vous partagé ces plateaux ?

Thierry Moreau était là ainsi que Jean-Michel Maire, Élodie Gossuin et Tanguy Pastureau. Dans mon cas, ils se sont très vite aperçus qu’entre Thierry et moi, ça allait clasher immédiatement, ce qui n’empêche pas qu’on s’entende bien en dehors du plateau ! On n’a pas du tout la même conception de la télé, c’est tout.

Quel souvenir gardez-vous des premiers numéros de l’émission ?

J’aimerais bien les revoir, car ça doit être quelque chose, surtout gênant à regarder ! (rires) Je me souviens de la toute première et surtout du débrief qui avait suivi de la part des dirigeants de France Télé, c’était d’une violence inouïe. J’étais sorti du rendez-vous en partant plus vite que les autres, me disant « C’est mort, on n’en refera pas une deuxième ».

Quelles étaient les critiques de France 4 ?

On nous reprochait tout : le manque de rythme entre autres. Mais Cyril m’avait rassuré en m’expliquant : c’était normal et que c’était toujours comme ça pour une première. Et c’est vrai qu’il y avait encore plein de choses à corriger. Ça s’est arrangé petit à petit. Après, on n’avait pas de stress sur l’audience en tant que chroniqueurs : si ça continuait tant mieux, mais si ça s’arrêtait, ce n’était pas non plus la fin du monde. Du coup, on était tous très naturel, personne ne cherchait à se donner en spectacle ou faire le show.

Partie 2 > L’arrivée sur D8 et les nouveaux chroniqueurs


En trois ans, comment décririez-vous l’évolution de Touche pas à mon poste ?

L’émission s’est élargie et peaufinée à la fois. En particulier sur l’équipe ! On a chacun nos personnalités et nos opinions et elles se raffermissent et se radicalisent, ce qui donne lieu à des clashs. C’est très amusant, car on s’entend tous très bien, c’est comme si on s’engueulait à un repas entre amis. Touche pas à mon poste est aussi devenu un vrai divertissement alors qu’au départ c’était un talk assez sérieux où Cyril assurait la partir humour. Mais petit à petit, on s’est aperçu que c’était intéressant de faire des happenings, de diversifier les invités et, de fait, l’émission est devenue un pur divertissement, tout en restant un talk-show.

Quelle a été votre réaction quand Cyril Hanouna vous a annoncé l’arrivée de Touche pas à mon poste sur D8 ?

C’était la grande angoisse ! Au départ, quand Cyril nous a annoncé qu’on partait sur D8 en quotidienne, il nous a demandé si on voulait le suivre et le « oui » a été immédiat pour tous sauf deux d’entre nous. Après, début juillet, le deal sur la quotidienne était qu’on ne fasse qu’une dizaine d’émissions par mois et que du coup d’autres chroniqueurs intégreraient le plateau.

Comment la production a-t-elle anticipé l’arrivée de ces nouveaux chroniqueurs ?

Ils ont fait énormément de castings pendant tout l’été, tout le monde voulait faire cette émission, que ce soit des gens connus ou pas. Il y a ici une telle liberté de parole que tout le monde nous envie ! Le concept de l’émission est simple, il suffisait d’y penser : parler de la télévision en toute liberté. Après, le plus dur était de trouver les membres de l’équipe.

« Tout le monde voulait faire Touche pas à mon poste »

Finalement, les ex-chroniqueurs de France 4 sont présents quasiment tous les jours. C’est un revirement de la production ?

À la rentrée, en octobre, on nous a demandé d’être là tout le premier mois de manière à faire le lien avec les nouveaux. Il y avait déjà quelques arrivées bien sûr, comme Gérard Louvin, Elise Chassaing ou après Valérie Benaïm, mais normalement ça devait être encore plus visible après le premier mois. Avec Thierry, on avait une angoisse, c’était de se carboniser en passant chaque jour, de s’épuiser et de ne pas se renouveler. Et puis on l’a fait pendant 3 ou 4 semaines et on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas de problème.

Vous avez donc demandé à la production de rester très présents ?

Non, mais en novembre, j’ai été voir la production et je leur ai demandé quand ils prévoyaient d’intégrer les nouveaux. Et on m’a répondu : « Honnêtement, jamais ! » (rires) En fait, on s’est vite aperçu que l’émission fonctionnait comme ça et qu’on ne se répétait pas. Les programmes sont renouvelés tous les jours donc ça donne de nouveaux sujets de débat, même si on peut tourner autour des mêmes thématiques. Et on peut toujours être remplacés : par exemple, je m’octroie souvent une journée d’absence le mardi et les autres assurent très bien. Philippe Vandel est souvent là, Arnaud Demanche a intégré la bande aussi. Peut-être que Nicolas Rey reviendra. Du coup ça permet de donner quand même un renouvellement tout en conservant la base, la « dream team » !

Partie 3 > Gérard Louvin, la trouvaille d’Hanouna


Avez-vous participé au choix des nouveaux chroniqueurs ?

Non, mais on a fait quelques plateaux entre aout et septembre. La production voyait ainsi avec qui ça fonctionnait ou pas. Il y a l’exemple de Gérard Louvin, une idée de Cyril à laquelle peu adhéraient. Je me souviens très bien, pour en avoir parlé avec les autres, m’être demandé « pourquoi lui » ! Je me suis dit que c’était un producteur, donc il n’était pas fait pour être en plateau. Et là, franchement, bravo à Cyril car c’est LA trouvaille de cette quotidienne. Il est juste magique. Il a une personnalité qui n’est pas du tout comme celle des autres de la bande. En plus, il connait très bien les rouages de la télévision.

Comment Gérard Louvin s’est-il intégré à la bande ?

il est difficile de s’intégrer au sein d’une émission où tout le monde se connaît. Donc les deux premières semaines, c’était dur pour lui. Enora est la seule qui s’est tout de suite bien sentie sur l’émission. On s’était dit « Elle, il faut la garder tout de suite ! ». Pour les autres, ce n’est pas simple. Mais Gérard a su trouver sa place, et s’il n’est pas là, il manque.

« Gérard Louvin est LA trouvaille de Cyril Hanouna »

Si vous aviez la possibilité d’intégrer un nouveau chroniqueur à la bande, à qui penseriez-vous ?

J’aimerais bien voir Valéry Zeitoun à l’usage, car il me fait beaucoup rire. C’est le vanneur le plus saignant que je connaisse et je pense que je me fritterai souvent avec lui. Il a une vraie humeur. Mais c’est dur de s’intégrer à l’équipe en 2 ou 3 émissions.

N’avez-vous pas eu peur de perdre en crédibilité en participant à l’émission et ses happenings, où vous pouvez être amené à porter des perruques, danser…

Pas du tout. Le ridicule ne tue pas, et il faut avoir une bonne dose d’autodérision. On n’est pas non plus dans un ministère, il faut apprendre à rire de soi. Mais je reste journaliste avant tout. Quand on a démarré l’émission il y a trois ans, je me souviens qu’une responsable de chaîne m’avait dit « C’est vraiment dommage de faire ça, t’es en train de griller ton image ». C’est vraiment un truc bien français : on est sur un créneau et on n’a pas le droit d’en bouger ! Je n’ai pas montré mes fesses à l’écran, je reste digne, s’il faut que je me retrouve en poussin, et alors ? On est là pour rire aussi…

Quelles sont les réactions au sein de la rédaction de L’Express où vous collaborez ?

C’est très bien perçu. L’émission n’est pas putassière, elle est très honnête intellectuellement. Christophe Barbier (directeur de la rédaction de L’Express, ndlr) et les autres rigolent pas mal. Ca n’empêche pas certains collègues de ne pas aimer l’émission, mais c’est normal, on ne peut pas plaire à tout le monde.

Partie 4 > Patrick Sébastien, trop égocentrique


Touche pas à mon poste accueille souvent des acteurs de cinéma avec lesquels vous n’avez pas été tendre dans vos papiers. N’est-ce pas un problème ?

On ne m’a jamais demandé de ne pas être là sous prétexte qu’un invité ne voulait pas de moi. Quand Michael Youn, José Garcia ou Fabien Onteniente sont venus, j’étais en bouclage de L’Express, ce qui reste mon métier ! Mais si j’avais pu y être, je leur aurai dit très clairement ce que je pensais de leurs films.

N’avez-vous jamais regretté des critiques en plateau ?

Jamais. Je n’ai aucun problème avec le fait de dire à un comédien ou un metteur en scène que son film n’est pas bien, si je le pense. C’est pour ça que Cyril m’a demandé de venir, pour dire vraiment mon avis. Et je sais qu’il y en a qui ont du répondant. Quand on avait reçu Fred Testot et Jonathan Lambert, j’en avais pris plein la tête, car ils savent se défendre. Mais c’est la règle du jeu, ça ne me pose aucun problème. Et puis, quand j’affirme que j’ai aimé un film, les acteurs et réalisateurs savent que je suis sincère.

« Le côté égocentrique de Patrick Sébastien m’a gêné »

Quels sont vos plus mauvais souvenirs d’invités ?

Hélène Rollès, exemple typique de la fille qui n’a aucun humour, aucun recul. Et puis, on va pouvoir en reparler, car il revient dans l’émission, mais je ne garde pas un bon souvenir de Patrick Sébastien. Il avait fait éclater sa personnalité sur le plateau avec que du « Moi je, moi je, moi je ». Ce côté égocentrique m’avait gêné. J’avais vu les réactions d’une violence sur les réseaux sociaux et je sais qu’il va revenir donc on pourra en parler. Ça pose problème quand un invité vient et ne parle que de sa personne.

N’avez-vous gardé aucun mauvais souvenir du passage d’Afida Turner ?

Elle a fait un tel pataquès, à plus vouloir que l’émission ne soit diffusée. Elle est vraiment persuadée d’être une diva ! Chez nos concurrents, elle a sorti les chroniqueurs du plateau et je ne suis pas sûr qu’on accepte ça chez nous. Il faut relativiser aussi quand on voit des gens nickel comme Michel Drucker qui n’ont aucune exigence puis des Afida Turner qui font des caprices…

Avez-vous des regrets sur des propos que vous avez pu tenir dans l’émission ?

Pas plus tard que lundi 4 mars, quand j’ai fait un parallèle entre les audiences et les élections, c’était un exemple complètement idiot. Là, dans l’énervement, je me suis un peu emporté. Mais je ne considère pas ça comme un dérapage. Je n’ai jamais attaqué des gens sur leur physique ou ce genre de chose.

Partie 5 > Les projets à la télé et la concurrence de NRJ12


Plus qu’une émission de télé, Touche pas à mon poste joue beaucoup sur la bande d’amis. On a ainsi pu voir des photos d’un dîner organisé par Gérard Louvin et les offs sont très souvent utilisés. Est-ce important de lier ainsi une vraie relation aux téléspectateurs ?

C’est un peu comme la bande de Laurent Ruquier, il n’y a pas de filtre. Comme chez nous, je pense qu’ils sont exactement pareils à l’écran et lorsque les caméras sont éteintes. Du coup, ça fonctionne, car si on vient nous voir en coulisse avant ou après, c’est exactement la même chose : Jean-Michel Maire parle beaucoup de sexe, Thierry Moreau d’audiences, Enora parle en « wesh », Cyril tape des pieds, danse et s’éclate sur un rien et moi je m’énerve souvent (rires) !

Au lancement de l’émission, il y a eu quelques tensions avec votre concurrent de NRJ12…

Non, nous n’étions pas du tout tendus de notre côté, c’était en face ! Il a pété un plomb, il a perdu ses nerfs, ça arrive. Je pense qu’il le regrette amèrement aujourd’hui. C’est le problème avec internet, tout va très vite ! Enfin, ça ne nous a pas énervés, ça nous a fait rire. En plus, on s’est régalé, car il avait publié sa lettre ouverte un vendredi matin sachant qu’il n’y avait pas d’émission le vendredi, sauf que Cyril est allé au Grand Journal, c’était très drôle.

La saison prochaine, voyez-vous votre avenir sur Touche pas à mon poste ?

Je suis tout à fait partant pour une nouvelle saison de Touche pas à mon poste. Après, j’adorerais trouver une idée autour du cinéma pour D8. Pas une émission de cinéma, ça ennuie tout le monde, mais quelque chose de court et ludique. Il faudrait trouver le concept, mais j’y travaille. Je suis certain qui si on parle de cinéma de façon amusante, ça peut fonctionner.