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Valérie Bénaïm (Touche pas à mon poste) : Patoche, Cyril Hanouna et ses choix de carrière

Robin Girard-Kromas
Publié le 21/03/2013 à 18:15 Mis à jour le 30/08/2013 à 01:18

Ancien espoir de TF1 à la tête des 100 plus grands…, Valérie Bénaïm avait fait le choix de tout quitter pour succéder à Evelyne Thomas sur France 3. Un pari fou qui a provoqué sa disparition des chaînes historiques, au profit d’émissions sur Direct 8, 13ème Rue ou encore Virgin 17. Invitée de Touche pas à mon poste ! le 15 novembre 2012, l’animatrice s’est vue proposer un poste en direct par Cyril Hanouna. Désormais bien intégrée à la « bande », elle devient ce vendredi 22 mars l’un des visages féminins de D8 en présentant un nouveau prime d’humour. Entretien.

Robin Girard-Kromas : Après quatre mois, quel bilan tirez-vous de votre participation à Touche pas à mon poste ?

Valérie Bénaïm : Je vis une aventure professionnelle et humaine absolument formidable. Et dire que suis arrivée sous une forme de pari avec Cyril ! Je ne regrette absolument pas de les avoir rejoints, c’est un bonheur renouvelé tous les soirs. Au départ, j’étais présente une ou deux fois par semaine et désormais j’y suis presque chaque jour. La bande m’a vraiment intégrée, ils m’ont ouvert les bras et on s’amuse follement ensemble.

Connaissiez-vous déjà l’émission avant de la rejoindre ?

J’étais très fan de l’émission sur France 4 et je connaissais Cyril depuis longtemps. Mais l’équipe était constituée donc je n’imaginais pas un instant m’y intégrer. Je n’y songeais pas, quand je voyais Cyril et qu’on s’en parlait, c’était sous forme de boutade.

Vous n’aviez donc pas passé les castings pour intégrer le programme durant l’été ?

Je n’en avais même pas entendu parler ! Tout s’est vraiment passé comme à l’écran, je venais pour faire ma promotion sur le plateau et je me suis retrouvée dans la bande.

Vous avez rejoint l’émission dès le lundi suivant. N’étiez-vous pas liée contractuellement avec une autre chaîne ?

Depuis que j’ai quitté TF1, où j’étais sous contrat avec la chaîne, je vogue là ou mon cœur me dit d’aller. Je n’avais pas de contrat avec une chaîne, c’était une forme de liberté aussi.

« Je ne suis pas là pour faire le show »

Vous êtes arrivée sur demande spontanée de Cyril Hanouna. Cela a-t-il provoqué quelques tensions, au départ, avec les autres chroniqueurs ?

C’est vrai que sur la première émission, j’avais une appréhension. Mais j’ai eu de la chance : la mayonnaise a pris tout de suite. Ce sont devenus des copains, on s’apprécie, on se voit, on se twitte (rires). Je ne peux pas vraiment l’expliquer, c’est la magie des bandes, ça prend ou ça ne prend pas. En l’occurrence, ils m’ont vraiment fait une place immédiatement. On est tous très différents mais on s’entend bien car on relativise les choses. Et on a tous envie de s’amuser même si on est très rigoureux. Sous l’apparence de bonhommie, il y a quand même du boulot.

Dans Touche pas à mon poste, vous devez fréquemment donner votre avis sur les autres. N’avez-vous pas peur de vous « griller » auprès de vos confrères et consœurs ?

En ce qui me concerne, je dis les choses sans animosité. Je connais le métier car je le pratique donc quand je formule une critique, ce n’est pas pour blesser mais pour faire avancer, exprimer parfois pourquoi l’animateur a peut-être eu des difficultés. C’est plus une sorte de décryptage, afin de comprendre pourquoi les autres vont critiquer. Par mon vécu, j’arrive à déceler que l’argent n’a peut-être pas été au bon endroit, que l’animateur n’a pas fait ce dont il avait envie.. Je ne suis pas là pour donner des bons ou mauvais points. Mais pour l’ensemble des chroniqueurs, c’est pareil, il ne s’agit pas d’attaques ad hominem.

En rejoignant Touche pas à mon poste, vous devez aussi prendre part aux « happenings » de l’émission et au volet « divertissement ». Cyril Hanouna n’hésite pas à vous taquiner avec « Patoche », par exemple. Comment appréhendiez-vous cela ?

(rires) J’avais dit à Cyril que je n’étais pas une humoriste et que je ne savais pas faire le show. Il m’avait répondu d’être seulement moi-même, et c’est ce que j’ai fait. Ce n’est pas vraiment à nous de faire rire, mais plutôt le rôle de Cyril ou Jean-Luc, Camille et Bertrand. Nous, on est là en écho, on réagit à ce qui se passe avec notre culture et notre parcours. Je ne pense pas faire de spectacle, mais j’aime simplement les gens autour de cette table donc je suis très bonne client de ce qu’ils font. C’est comme au tennis, quand on a de bons partenaires on joue bien !

PARTIE 2 > « Patoche ? Cela m’amuse car c’est toujours respectueux et bienveillant »


Comment analysez-vous le succès de l’émission ?

Il y a une vraie rigueur derrière le programme. Le succès tient à Cyril, qui porte l’émission en tant qu’entertainer, il mouille vraiment la chemise. Dans un second temps, la bande, avec ses personnalités fortes, permet à chacun d’y trouver son compte. On est aussi vraiment potes et je pense que les gens le sentent. Enfin, Cyril est très malin et il arrive à feuilletonner des éléments anodins de notre vie, il donne à suivre des histoires humaines. Les gens viennent voir une bande de copains qui se chambrent avec Enora la grande gueule, Jean-Michel Maire à la recherche d’une femme, et maintenant Cyril qui a malheureusement trouvé un fiancé à Valérie Benaim (rires). Mais on s’en amuse car ça reste toujours respectueux et bienveillant. Ce n’est jamais méchant.

Quelle comparaison pourriez-vous faire avec votre expérience dans la précédente émission média de Direct 8 à laquelle vous aviez aussi participé ?

C’était une expérience beaucoup plus courte car je n’étais pas restée une saison entière. Il y avait plus une volonté, en tout cas affichée, d’être une émission sérieuse sur les médias. Il n’y avait pas de phénomènes de bande, simplement des chroniqueurs qui venaient faire leur travail à tour de rôle. Et puis, c’était totalement phagocyté par la télé-réalité alors que sur Touche pas à mon poste, on essaye d’aller dans tous les registres.

Vous aviez animé plusieurs émissions sur la défunte Direct 8, revenir sur D8 était comme un retour aux sources ?

J’avais fait 50 numéros de Culture Vip, un jeu qui avait bien fonctionné. C’était un divertissement produit par Endemol et il coutait trop cher à la chaîne, il s’était donc arrêté. Aujourd’hui, même si je retrouve des gens avec lesquels j’ai pu travailler, tout a changé ! C’est encore une nouvelle aventure et j’adore ça.

« J’ai déjà exprimé ma gratitude auprès de Cyril Hanouna »

Vous présentez ce 22 mars le premier numéro des Maîtres de l’humour, émission autrefois portée par Cécile de Menibus. Comment avez-vous été contactée ?

J’imagine, et j’ai déjà exprimé ma gratitude auprès de Cyril, que c’est ma présence dans Touche pas à mon poste qui a donné l’idée aux directeurs de la chaîne. C’est le triumvirat de D8 qui m’a contacté, ils m’ont dit qu’ils mettaient en place une émission d’humour en prime et j’ai évidemment dit oui.

Pourquoi avoir accepté un format déjà vu comme celui-là ?

On essaye vraiment d’avoir une plus-value par rapport à l’émission précédente. Nous souhaitons être dans la continuité mais proposer également beaucoup de nouveautés. Je suis contente du travail que nous avons fait avec les équipes de production car il y a une vraie volonté de faire une émission chic et riche dans le contenu. On a mis beaucoup d’argent dans les images pour que ce ne soit pas une énième émission avec de vieilles archives vues partout. Dans le détail, il y aura trois parties : un focus sur un artiste particulier (sur la première, Florence Foresti) avec des témoignages de gens qui la connaisse, une deuxième partie sur de nouveaux humoristes qui arrivent et dans un troisième temps, un volet consacré à « la référence » dans un esprit moderne type canal. Sur la première, nous parleront ainsi des Nuls. On essaye de donner une vraie cohérence à l’émission pour que ce ne soit pas un simple robinet à images.

Un deuxième numéro est d’ores-et-déjà annoncé. Sur combien vous êtes-vous engagée ?

J’ai signé pour deux numéros, en espérant qu’on rencontre notre public. On ne m’a pas fixé d’objectif d’audience mais j’aimerais faire le plus possible.

Ne craigniez-vous pas les critiques de vos camarades de Touche pas à mon poste ?

Non, c’est la règle du jeu ! Et puis si on n’a pas de recul sur ce qu’on fait…. Ce n’est que de la télé comme le dit Cyril. Je vais essayer de faire la meilleure émission possible mais si mes camarades ont des remarques, leurs critiques vont me nourrir. Tout cela ne me pose aucun soucis.

PARTIE 3 > « J’ai traversé des périodes très difficiles à France TV »


Beaucoup d’animatrices se sont plaintes d’être cantonnées au rôle de potiche. Vous avez co-animé pendant longtemps des émissions sur TF1, quel est votre sentiment à ce sujet ?

Je n’ai jamais eu ce sentiment, car je savais le travail que je fournissais avant d’arriver à l’antenne, tout ce que je faisais sur le conducteur ou l’écriture des textes. J’ai toujours eu le sentiment de travailler avec des alter ego, que ce soit Stéphane Bern, Christophe Dechavanne ou les autres. Après, c’est aussi à nous de nous imposer, même si ce n’est pas forcément évident, car il faut toujours prouver qu’une femme est capable de porter un prime… ce qui n’est pas totalement ancré chez nous. Mais c’est en train de changer, il y a de plus en plus de femmes à l’antenne. Auparavant, je me disais que vieillir à la télé était compliqué si on ne travaillait pas dans l’information. Mais je me rends compte que les quadras, on résiste (rires), on tient la route, on n’est pas encore bonnes à jeter !

Avez-vous déjà eu des regrets quant à votre départ de TF1 ?

Non. J’ai cette caractéristique de ne pas avoir de regrets dans la vie. Si on passe sa vie à se retourner, on ne regarde pas le présent ni l’avenir. Je suis optimiste donc cela ne m’a jamais traversé l’esprit. Évidemment, j’ai traversé des périodes très difficiles à France Télévisions, mais ce n’est pas pour autant penser que j’aurais mieux fait de rester sur TF1. Je voulais bouger, aller voir ailleurs si l’herbe était plus verte. Dans la vie, je préfère tenter des choses quitte à me planter.

« Succéder à Évelyne Thomas était un pari fou »

Prendre la succession de Thomas, n’était-ce pas un pari perdu d’avance ?

C’était un pari totalement fou. La chaîne, le producteur et moi-même savions que nous allions vider la salle et qu’il fallait ensuite tenir pour la remplir à nouveau. Le problème, c’est qu’on ne nous en a pas donné le temps. Aujourd’hui, ils seraient très heureux de faire les audiences de l’époque, mais comme on succédait à Évelyne qui faisait plus de 20%, ça n’allait pas. Ce n’était pas évident à l’époque, car quand on est en quotidienne et que les audiences ne sont pas là, c’est très difficile à vivre. Ça m’a endurci et appris plein de choses sur le métier. Mais je garde de très bons contacts de cette émission. Car c’est aussi formidable humainement de vivre ce genre de choses : on est tous dans le même bateau.

Après un premier échec, vous avez conservé la case horaire, mais avec une autre émission…

Oui, j’avais la chance d’avoir de bonnes études où les téléspectateurs disaient bien m’aimer. C’était agréable de voir que la chaine ne me remettait pas en cause en tant qu’animatrice. France 3 voulait me garder donc on a essayé une deuxième émission. Pour le coup, ce n’était pas du tout à la bonne heure : les audiences se sont effondrées… C’était compliqué, car on faisait tous les jours une émission complètement différente. Quand ça ne marche pas, on va un peu dans tous les sens, on teste toutes les solutions et du coup on perd aussi les téléspectateurs.

Après un an sur France 3, n’avez-vous pas souhaité revenir sur TF1 ?

Non. J’aime bien être portée par le désir des autres, qu’on ait envie de moi. On est venu me chercher après pour La grande illusion sur France 3 donc j’y suis restée. Puis j’ai écrit mon livre sur Sarkozy. Je fonctionne comme ça.

PARTIE 4 > « À TF1, on me surnommait Madame Non »


Quels sont vos projets pour le futur ?

J’espère qu’on va continuer à collaborer ensemble avec D8 et qu’on aura d’autres émissions. Que Touche pas à mon poste va continuer et que je serai encore de l’aventure. Que Les maitres de l’humour vont fonctionner. Et pourquoi pas d’autres programmes pour D8, car c’est une chaîne et des dirigeants que j’aime énormément.

Quel type d’émission rêveriez-vous de présenter dans le futur ?

Depuis 17 ans, j’ai envie de faire une émission culturelle sur le théâtre, la littérature et le cinéma. Mais il faut trouver la bonne formule, le bon concept, la bonne case…

Après ces nombreuses années de carrière, quel est le meilleur et le moins bon souvenir que vous conservez du monde de la télévision ?

Le meilleur, ce sont les amitiés que j’ai liées et le fait qu’aujourd’hui je m’éclate. Je me souviens aussi de Millénium sur TF1 avec tous les animateurs et la rédaction mobilisés ! C’était un évènement incroyable pour le passage à l’an 2000 qui m’avait beaucoup marqué. Défense d’entrer également. C’est difficile de choisir. Pour le pire, j’aurais pu dire Jules et les filles, mais ce n’est pas vraiment le cas, car grâce à l’émission, les filles de Jules comme la productrice sont devenues des amies.

« À TF1, on me surnommait Madame Non »

Vous semblez dépeindre un monde de la télévision digne de celui des Bisounours. Comment l’expliquez-vous ?

J’essaye de m’entourer de gens qui me ressemblent et que je « sens » bien. À TF1, on me surnommait « Madame non » car je refusais parfois des émissions contre toute attente. Mais ça ne me correspondait pas. Ce que je cherche avant tout, c’est être heureuse dans mon métier.

Quelles émissions avez-vous ainsi refusées ?

Il y a eu des succès parmi elles ! Par exemple, j’avais refusé Domino Day, qui a fait un carton absolu sur la chaîne. Mais je ne voyais pas trop quel était l’intérêt professionnel, car je ne trouvais pas quelle plus-value je pouvais apporter. Je pensais donc que quelqu’un d’autre le ferait mieux que moi. En l’occurrence, Flavie (Flament, ndlr) avait été formidable dans l’exercice.